Ce matin j’avais envie de parler des vertus de l’échec.

On en vit tous, des échecs, plus ou moins graves. Évidemment, personne n’aime s’y confronter. C’est désagréable. Parfois destructeur. Mais parfois aussi, souvent même, l’échec est l’occasion d’une découverte, d’un fécondité inespéré, l’expression de forces intérieures et de qualités qu’on n’aurait jamais imaginées ou expérimentées si l’échec ne les avait pas d’abord révélées.

Je me souviens d’une phrase de François Sureau, notre dernier arrivé à l’Académie française. Il s’était confié à Agnès Chareton du journal Pèlerin pendant le tout premier confinement. Lui qui se présente comme disciple de saint Ignace et de Charles de Foucauld rappelle que « la destinée d’Ignace de Loyola est celle d’un échec. Appelé à une brillante carrière, il prend un boulet dans la jambe et sa vie se brise. La destinée de Charles de Foucauld est aussi celle d’un échec qui finit par porter du fruit.

C’est parce que nous sommes Vendredi Saint que j’ai repensé à Sureau. Dans ce papier il écrit que le Christ lui-même « n’a pas voulu être roi, est mort. Et pourtant nous pensons que cet échec est plus riche de virtualité et d’espérance que toutes les réussites du monde. Ce qu’il y a en moi d’espérance réside dans les formidables potentialités d’achèvement que l’échec renferme ».

Je trouve cela inspirant.  « Ce qu’il y a en moi d’espérance réside dans les formidables potentialités d’achèvement que l’échec renferme ».

L’échec est un moyen de comprendre, une expérience du réel. Le réel, c’est ce qui nous résiste.

L’échec manifeste notre vérité d’hommes et de femmes. Nous ne sommes pas Dieu. Nous ne sommes pas des machines bien programmées. Nous ne sommes pas des animaux déterminés par leurs instincts.

En fait, nous échouons parce que nous sommes des hommes. C’est ce qu’écrit Kipling dans son si fameux poème dont j’avais envie de vous relire juste la fin :

« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils ».

Nous sommes des hommes. Avec ce que cela implique d’humilité et de grandeur.

Et nous sommes libres. Libres, nous pouvons nous tromper. Tomber. Nous relever. Nous corriger. Et finalement progresser.

Au fond, chaque erreur rectifiée sur notre Chemin peut constituer un pas de plus vers la Vérité. Et la Vie.

En ce vendredi saint, flotte cette question dont on a déjà la réponse « Ô Mort, où est ta victoire » ?

Je vous souhaite à tous une belle montée vers Pâques.

Édito pour RCF à retrouver ici