RCF 14 mai 2021

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On parle beaucoup du « mal mourir » en ce moment. On oublie qu’il y a aussi des happy end. Alors ce matin j’avais envie de parler de Xavier, infirmier en soins palliatifs. On l’appelle « l’homme étoilé ». C’est le surnom que lui avait donné l’une de ses patientes, Blanche, à cause des tatouages qu’il arbore un peu partout, en particulier, des étoiles sur son bras. C’est aussi comme ça qu’il signe ses livres-BD. Depuis quelques années, il dessine ce qu’il vit, parce que dans « fin de vie », il y a vie, et ce qu’il vit de fort et de beau, il a envie de le partager, sans l’embellir, sans l’affadir.

Xavier veut croire que oui, on peut bien mourir à l’hôpital, en tout cas lui, c’est à cela qu’il se consacre, avec simplicité, sérénité, fidélité. Notre homme étoilé ne peut pas garantir une mort idéale, qui le pourrait ? Il peut juste assurer : « Je serai là ». C’est le titre de son dernier livre graphique paru chez Calmann-Lévy. Il sait bien qu’il n’a pas le pouvoir d’empêcher la mort, mais il a celui de faire en sorte qu’elle se passe le plus sereinement possible.

Sa vocation, c’est souvent le cas, est née à la suite d’évènements fondateurs. Les moments qu’il a vécu avec son arrière-grand-mère, la maladie se sa maman quand il était enfant. En Belgique, sa terre natale, il fait ses premières armes dans différents services. Un jour il est confronté à l’euthanasie d’une de ses patientes. Ça l’a beaucoup « remué ». Pour lui, « l’euthanasie est une fausse solution à un vrai problème ». Pour lui, « il n’est pas de mort indigne dès lors qu’on se donne les moyens d’accompagner, de soulager ». Alors, le jour où « il a découvert les soins palliatifs, il a su qu’il ne voudrait plus faire que ça », une médecine tournée vers l’humain. Il confie qu’il « s’épanouit dans ces rencontres avec les personnes en fin de vie car elles ne trichent pas. Elles n’ont plus de temps à perdre ». C’est dans son quotidien en soin palliatif qu’il a même retrouver foi en l’homme. 

Des héros du quotidien comme lui, il y en a plein. Anonymes. Les soignants, les discrets bénévoles. Ceux qui font vivre et rendent vivants ces lieux de vie, par leur talent, ou simplement par leur temps. J’en connais. Ils ne sont pas tous dans la lumière comme lui. Ça ne les empêche pas d’en émettre. 

L’homme étoilé, lui, il brille. Sur son compte Instagram où ils sont des centaines de milliers à suivre ses traits d’amour, il se décrit comme un « Marshmallow dans une armoire à glace ».

Comme quoi, la vraie force, c’est la douceur. 

Il brille. Et c’est tant mieux, parce que je suis sure qu’ainsi, il enflamme de belles vocations. Le vrai fort, c’est celui qui rend les autres forts.

On dit que ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre. Ceux qui accompagnent ceux qui meurent aussi, ont beaucoup à nous apprendre sur tout ce qui reste à faire quand il n’y a plus rien à faire. Rester humain, jusqu’à la fin.

Source : https://rcf.fr/la-matinale/je-serai-la