Tribune Aleteia

Dans ma paroisse œuvrent deux personnalités que j’apprécie énormément. Un frère et une sœur, d’une soixantaine d’années. Ni l’un ni l’autre n’est parent, mais leur fécondité est bien réelle. Elle chante. Il joue de l’orgue. Ils animent fidèlement les offices, parfois plusieurs dans la même journée, accompagnant la liturgie d’une musique puissante qui élève l’âme. Mais ces deux-là font plus qu’enfiler leur belle tenue de service, ils invitent d’autres à les suivre. Elle repère les jolies voix et les invite à passer derrière le pupitre. Lui donne gratuitement des cours d’orgue à des petits et à des grands.

Lorsqu’il arrive qu’une autre personne prenne leur place dans la lumière, ils s’effacent en souriant. Ils prennent la dernière place et leur visage témoigne qu’ils savourent une joie ineffable : la joie de la transmission, toute donnée.

La transmission est un art subtil. Entre émetteur et récepteur, la ligne est parfois brouillée… Qui n’a rencontré dans sa vie de ces « sages » qui transmettent leur science du bout des lèvres et du bout du cœur ? Qui restent assis de tout leur séant sur le trône de leur savoir, veillant à n’en distiller que ce qu’il faut pour garder le pouvoir. Allant parfois jusqu’à faire rimer expérience avec condescendance. Ne se réjouissant parfois du succès d’autrui que par la part qu’ils auront transmis. Et non par cette appropriation et ce rendu que l’autre aura, parfois mieux, parfois différemment, accompli. Oh non, vraiment, une transmission véritable ne peut laisser la moindre place à l’orgueil ou à la jalousie.

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