Tribune
Se ranger les uns les autres dans des cases comme dans des catégories définitives est une habitude qui se répand de plus en plus. Notre chroniqueuse Blanche Streb, qui y voit une manière de renoncer à la liberté, propose que l’on s’en défasse en « se dé-rangeant ».
Il n’aura échappé à personne l’oppressante particularité de notre époque de ranger les gens dans des cases. Un phénomène largement amplifié par l’ordre woke qui s’infiltre insidieusement. Désormais posséder une caractéristique physique (couleur de peau, sexe, taille, poids…), partager une conviction (ou même une question) peut vous faire entrer, bon gré mal gré, dans une case. Vous ne vous y reconnaissez pas, l’habit(acle) est trop petit ? Souffrez bien qu’on vous y mette. Les étiquettes et les anathèmes fusent dans les médias et les réseaux sociaux comme les feux d’artifice le 14 juillet.
Pourquoi aller se mettre tout seul dans une case étroite, artificielle et qui bien souvent ne sert qu’à brimer ou museler toute liberté d’expression ?
Artificiellement, on crée des catégories manichéennes, comme par exemple conservateurs et progressistes. Les premiers sentent le rance, les autres exhalent le vent frais du progrès-qu’on-arrête-pas-et-qui réenchante-la-vie. Qu’on nous range, moi ça me dérange. Mais attention, ranger sans « mégenrer », nouveau crime de lèse-majesté. Quant à la « cage aux phobes » — selon l’expression de Philippe Muray —, sera-t-elle assez grande pour accueillir tout le monde ? Déjà en 1999, l’essayiste écrivait que « s’il y a quelque chose qui marche très fort, en ce moment, et qui marchera de plus en plus, c’est la chasse aux phobes ». Pas faux. Le dispositif est devenu implacable pour se faire clouer le caquet (ou au pilori).
Ce que Murray a peut-être moins vu venir, c’est le petit frère de ce phénomène, « l’autocasage ». Mot masculin (désolée !), inventé (c’est mon droit) qui signifie : faculté d’une personne de se ranger d’elle-même dans une case.
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