Nous entrons dans l’octave de Pâques, et le dimanche de la Divine Miséricorde nous attend déjà. Un (entre) temps propice pour méditer sur le pardon dont le modèle suprême est celui de Jésus sur la Croix : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). Il y a des pardons qui nous semblent surhumains. Je pense à celui de Maïti Girtanner, une jeune et courageuse résistante de la Seconde Guerre mondiale. Arrêtée par la Gestapo, elle deviendra l’un des cobayes d’expérimentations inhumaines conduites par un « médecin » nazi, les guillemets s’imposent ici. Son bourreau espionnait ses victimes lorsqu’elles se croyaient seules. Les paroles de réconfort et d’espérance qu’avaient Maïti pour ses compagnons d’infortune, il les entendait. Elle fut laissée pour morte, durablement blessée physiquement et psychiquement par des mois de torture. Une fois libérée, elle découvrira l’immensité de ses séquelles et des renoncements qui l’attendent. Elle ne peut plus jouer de piano, n’aura pas d’enfants… « Ce que je n’étais plus, je devais accepter de le donner pleinement » raconte-t-elle dans sa biographie Même les bourreaux ont une âme, écrite avec Guillaume Tabard (CLD, 2006). Aussi fou que cela puisse paraître, elle confie : « Très vite j’ai eu le désir fou de pouvoir pardonner à cet homme. » Le pardon pourrait sembler une faiblesse, en réalité, aussi bien pour l’accorder que pour le recevoir, il faut une grande force spirituelle et un courage moral à toute épreuve, écrivait Jean Paul II dans son message pour la paix, en 2001. Ce chemin s’accomplit en elle, par la grâce. Quarante ans plus tard, le médecin, proche de la mort, cherche cette jeune fille qui dans le camp parlait de l’après-mort, la contacte, la visite et lui dira tout bas « pardon ».
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