Édito RCF à écouter ici
La charge mentale, çà fait un moment qu’elle me monte au nez… Il y a quelques jours encore j’étais dans une émission vraiment intéressante, nous parlions des raisons pour lesquelles les français ont moins d’enfants aujourd’hui. La charge mentale est venue plusieurs fois sur le tapis. Et là je me suis dit, mon dieu, qu’est-ce qu’on vivait mieux, qu’est-ce que notre quotidien était moins lourd avant qu’on nous invente : la charge mentale.
Avant qu’on donne un nom, au fond, à ce qui existe bel et bien ?
C’est ça. Et je sais ce que c’est : j’ai un boulot, des enfants, j’écris des livres, des éditos… Quand je pars en déplacement 4 jours, des énormes paniers de linge et des minous de poussière me font la fête derrière la porte… Mais si là, je me mets à raisonner en terme de charge mentale, c’est pire… Parce que son plus grand succès, à celle-là, c’est quand même d’être une charge en elle-même et de s’aggraver toute seule. Rien que penser à elle, on s’affaisse.
À mon avis, elle est la cause de pas mal de disputes. Elle a envahi les débats, la presse, les discussions entre amis, collègues, parents, enfants, et surtout entre conjoints…
C’est vrai qu’en plus on l’associe facilement avec les taches routinières, les tâches ménagères ?
Exactement. Je vous lis la définition officielle du Larousse : poids psychologique que fait peser (plus particulièrement sur les femmes) la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique. (Cette préoccupation constante de la logistique du foyer, même dans les moments où elles ne sont pas dans l’exécution de ces tâches, concerne avant tout les personnes qui travaillent.)
C’est pas faux. Mais ça devient triste si on regarde sa vie qu’à travers par ce prisme-là.
En fait, cette expression est complètement passée dans le langage courant pour désigner une inégalité hommes/femmes. Et l’alimenter.
C’est une sociologue femme qui a inventé le mot. Normal. Nous les femmes, on en a une grosse. Ça se trouve, la charge mentale a été inventé pour qu’on puisse jouer à : « La mienne est plus grosse que la tienne ».
C’est vrai, nos quotidiens deviennent fous. On en a souvent trop sur les épaules. On s’en met trop, aussi. Ce n’est pas étonnant que fleurissent les conseils et livres sur l’éloge de l’imperfection.
Ce serait quoi alors votre conseil ?
De pas laisser la charge mentale prendre trop de place dans nos modes de pensée. Beaucoup de choses se jouent dans la qualité de notre regard. Si on regarde tout s’accumuler sans raison, ça devient une surcharge mentale où tout se mélange et ça peut virer en décharge mentale où tout perd saveur et valeur. Mais si on distingue les vrais ennuis de toutes ces choses qu’on doit faire parce qu’on peut les faire, parce qu’on est en vie, par amour, on se sent déjà plus léger. On pourra même se dire merci.