RCF 11 juin 2021
A écouter sur : https://rcf.fr/embed/2632418
Le 3eme lecture à l’Assemblée s’est terminée dans la nuit de mercredi à jeudi.
La majorité a persisté dans sa lancée. « En marche forcée » et rejeté, méthodiquement, la quasi-totalité du travail réalisé par le Sénat ainsi que pratiquement tous les amendements des autres groupes. Ce n’était pas un débat dans lequel chacun cherche à s’enrichir de l’autre. Je crains que la démocratie n’en sorte pas grandie.
Cette révision renie purement et simplement l’esprit qui a animé le besoin d’encadrer les possibilités techniques qu’apportent les progrès scientifiques. Les grands principes fondamentaux de protection (de la personne humaine, du corps humain et de l’espèce humaine) qui ont bâti notre droit de la bioéthique sont par terre. Les tenants de cette déconstruction ont tordu le bon sens et le droit pour autoriser chimères animal-hommes, modifications génétiques des embryons, instrumentalisation accrue de l’embryon humain, filiations fictives… la liste est longue.
« Ce n’est pas de la politique mais du théâtre », a même déploré Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique. C’est vrai que les « avis défavorables » et « ils sont rejetés » se succédaient tristement au perchoir.
Et en commission comme en séance, on a à nouveau entendu parler d’amour. Olivier Veran ministre de la santé avait déjà déclaré en 2ème lecture que « Cette loi n’est pas porteuse de tri, de chimères, elle parle d’amour, de famille, de filiation, de recherche, de santé ».
Mais le député Xavier Breton l’a bien rappelé. Les parlementaires ne sont pas là pour légiférer sur l’amour ! Heureusement….
L’amour. On est tous pour l’amour. Rien de mieux que ce joker « amour » pour mettre sous la cloche des bons sentiments toutes les conséquences néfastes inhérentes à cette « loi de tous les dangers » comme l’avait nommé Emmanuel Macron lui-même.
On aurait tant aimé sentir dans l’hémicycle, surtout chez ceux qui l’encensait, l’amour du débat, de la quête de vérité et de bien commun, de l’ennemi même, pourquoi pas…
L’amour en étendard vise à attendrir, à aveugler, à embarquer avec lui tous ceux qui ne voient pas quelles injustices on commet en son nom.
« J’aurais beau parler toutes les langues des hommes. (..) J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien » dit Saint Paul.
Sans amour, tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait sonne creux.
Mais quand il est dépourvu de vérité, c’est l’amour lui-même qui sonne creux. Il n’est que sentimentalisme derrière lequel chacun mettra ce qu’il veut.
L’amour vrai nourrit l’humilité, la prudence, la patience, la prise en considération du bien d’autrui, des générations futures et du monde qui nous entoure. Il permet, si c’est plus juste, de renoncer à ses désirs personnels et même d’aller jusqu’à donner sa vie.