Quelle liberté ?

Car c’est bien ainsi que se déplace désormais le spectre de l’euthanasie, sous les apparences de la « dernière liberté à conquérir ». Tentant, si on en reste à ces mots. Effrayant, si on soulève le voile camouflant ses maux. Comme souvent, bourdonne à nos oreilles cet élément de langage : « Un nouveau droit qui n’enlève rien à personne. » Rien ? Rien de moins que la vie…

La liberté individuelle se voit beaucoup aujourd’hui comme la valeur suprême à promouvoir. Mais quelle liberté ? Celle de l’homme qui serait seul face à son destin. Seul à écrire son histoire. Seul à décider que puisque « mon corps m’appartient », alors je peux bien lui retirer la vie. Finalement, tapie derrière cette « conquête », c’est bien moins la question médicale, essentielle et épineuse, de la fin de vie que celle d’une conception de la liberté de l’homme s’érigeant en seul maître de la vie. Mais est-on pleinement libre lorsque la souffrance physique est mal soignée, lorsque la souffrance psychique, l’anxiété ou la solitude sont mal accompagnées ? Lorsqu’on laisse planer la légitime crainte de l’acharnement thérapeutique, pourtant interdit par la loi. Lorsque la société nous renvoie l’image d’être une charge, un coût, un encombrant, quelqu’un qui ne sert plus à rien et qu’il est venu le temps de s’en aller, sur la pointe des pieds, pour, vous comprenez, ne pas déranger… Mais enfin, celui à qui on laisse croire qu’il a la liberté de choisir, mais sans autres choix que premièrement souffrir ou deuxièmement se supprimer ou être supprimé n’est évidemment déjà plus libre de son choix. Il y a d’autres voies, bien sûr, que seul le refus absolu de l’euthanasie peut permettre de développer.

Tribune Aleteia à découvrir ici