Tribune pour Aleteia, au sujet du dernier livre de la journaliste Sonia Mabrouk
« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. » Tout le monde connaît cette citation des années soixante-dix, attribuée à Malraux. Qu’importe l’auteur, au fond, car d’où qu’ils viennent, ces quelques mots donnent à penser. Longtemps, je les ai reçus comme un frisson glacé me parcourant le dos, un peu comme une parole de malédiction. Maintenant j’ai envie de les comprendre autrement et de m’appuyer sur eux pour renforcer mon espérance : puisque le XXIesiècle désormais est là, et sera, il pourrait bien être spirituel. J’en entrevois des signaux faibles. De qui cela dépend-il ? De vous, de moi, de nous.
Le sacré nous a été confisqué
Qui ne se dit pas que notre paquebot-monde devrait ralentir, prendre le temps, dévier sa course follement prétentieuse, contempler, respirer. Se laisser inspirer ? Les démolisseurs n’ont de cesse de gommer toute trace de spiritualité dans nos sociétés. Comme l’a écrit Bérénice Levet dans Le Crépuscule des idoles progressistes (Stock), « toute une génération a été élevée dans le mythe, et même le culte, de la non-transmission, de la construction de soi sans héritage, dans le but d’accéder à une liberté qui s’est révélée totalement factice ». On assèche une plante et on se demande pourquoi elle meurt… La création gémit comme jamais et les tensions montent. Dans nos sociétés liquides, dans ce monde qui donne l’impression de se désintégrer, il nous faut réintégrer dans nos existences l’invisible, le sacré. Pas la vache sacrée et idolâtrée du progrès, elle est à sec, ni ses petits veaux d’or du progressisme, ils sont à bout de souffle.
Nous sentons qu’il est temps. Temps de nous réarmer spirituellement et moralement. De redécouvrir une science de la vie, notamment celle qu’inspire le don de l’émerveillement et comme le développe merveilleusement Sonia Mabrouk dans son dernier essai, de Reconquérir le sacré (Éditions de l’observatoire). C’est vrai. Le sacré nous a été confisqué, frappé d’indignité, moqué, caché, démodé. Du sacré, nous sommes devenus des amputés. Et nous sentons qu’il nous manque. Il est temps de le remettre au centre de nos réflexions. En puisant, notamment, dans nos ressources spirituelles et en les travaillant.
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